samedi 29 août 2015

Nouveau jour

29 août 2015


Qu'écrire, comment me délivrer, mais me délivrer de quoi ? De la vie ? Oui, certainement c'est cela. Cynthia n'étant plus en mesure de me soutenir, ce qui est parfaitement compréhensible, plus qu'acceptable, je suis complètement seul à présent, c'est ainsi que je le ressens. Pour elle, peu ou prou, ce doit être la même chose. Même si depuis hier je me sens plus apaisé, je ne suis pas pour autant plus serein. Oui, la sérénité est autre chose que l'apaisement. Lui n'est qu'un souffle, qu'un soupir, qu'un instant de répit qui se répète plus ou moins de fois dans la journée. Cynthia a changé d'antidépresseur hier. Le premier ne lui a pas réussi. Dès le lendemain de sa première prise, elle ne cessa de trembler. Son psy lui a donc changé d'antidépresseur et, tel que cela semble le cas avec celui que je prend, j'espère que ce dernier sera efficace, que cela lui redonne un peu plus le moral, que cela lui fasse moins voir les choses en noir. D'ici-là, d'ici à ce qu'il fasse effet sur elle, il va falloir que je gère ses humeurs, sa morosité, sa lassitude, chose malheureusement très difficile pour moi qui ne suis pas au top également, même si ça va un peu mieux depuis hier.

Écrire hier m'a soulagé, m'a permis de poser un peu de mon fardeau, de me délester. Cependant cela ne change rien à la réalité, à l'avenir, notre avenir à Cynthia, ma fille, ma famille, mes amis et moi. Bientôt je ne serai plus, nous serons séparés, ce n'est qu'une question de temps à présent.

Mais j'aimerai parler d'autre chose, de choses plus légères, qui détendent et non qui stressent ou inquiètent. Le problème, c'est qu'en l'état je n'ai pas d'autre sujet de pensée. Dans mon esprit il n'y a que mon entourage, ma maladie et le corps médical. Alors je pense à vous Mamy, à toi Virginie, à cette même région que vous habitez et à la mer qui est à proximité. Je pense également à Bordeaux, cette grande ville qui me fait immédiatement penser à Paris, une autre grande ville, à leur agitation commune qui, dès que je les envisage, me stresse, me tende, ne me donne pas envie d'y aller.  Cependant, lorsque je pense à Paris, malgré la contrariété que j'éprouve à l'idée de me retrouver là-bas, d'y retourner, l'envie est néanmoins là. Paris, c'est ma seconde mère et mon second père, un ventre maternelle où j'ai poussé, grandi, évolué, me suis fabriqué de A à Z. Alors je m'interroge sur le mois de septembre, après mes séances de rayons, si je suis en état et ai assez d'argent, j'essayerai de passer au moins une semaine, voire deux, chez ma mère. Toujours si je le peux, si c'est possible, j'essayerai de faire accepter à la mère de ma fille que notre enfant me rejoigne, au moins quelques jours, et tant pis pour la rentrée scolaire.

A l'instant je raccroche avec ma fille. Elle a passé toute la semaine à la mer, près de Bordeaux, et rentrera demain chez elle. Bien évidement elle m'a demandé de mes nouvelles, m'a dit qu'elle avait plusieurs fois essayé de me joindre, mais il n'y avait pas de réseau là où elle se trouvait, un endroit où elle campe. Je l'ai donc informé des soins que l'on allait me faire, lui ai précisé que ce n'était pas sûr que cela marche, que cela enraye un peu la maladie et, une fois de plus, lui ai dit qu'il ne me restait peut-être pas beaucoup de temps à vivre, que tout dépendrait de l'effet des rayons, de la réaction de mes tumeurs. Je lui ai dit que je ferai tout pour la voir rapidement après mes soins, dans la mesure du possible, en fonction de mes capacités physique. Je lui ai donc dit de demander à sa mère de m’appeler afin que nous discutions de tout ça. En attendant, je lui ai dit de continuer à profiter de la mer. Elle doit me rappeler lundi, sa rentrée scolaire étant mardi.

Je suis donc là, à une terrasse de café depuis mon levé, ou presque, et j'ai faim. Cependant, parce que j'ai peur de voir Cynthia, de ne pouvoir supporter son état, de ne pouvoir le gérer en moi-même, de l'encaisser, je préfère rester là, quitte à manger un petit truc dehors. Bientôt il sera 13h00 et le soleil commence à bien taper. Je vais donc me trouver un autre endroit où aller me poser, avec plus de fraîcheur, peut-être même aller au parc qui est en bas de notre résidence.

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