vendredi 31 juillet 2015

Déménagement

31 juillet 2015


Aujourd'hui, même scénario qu'hier. J'ai dormi les deux tiers de la journée, ne suis levé que depuis 14h00 et d'ici deux ou trois heure, parce que le sommeil m'envahira, j'irai me recoucher sous les coups de 23h00. Je vois Cynthia faire les cartons, le déménagement avancer, la maison devenant de plus en plus, me donnant de plus en plus l'envie d'en partir afin de me reposer à nouveau, complètement, dans notre futur logement. Dans une semaine les déménageurs emporteront tous les cartons, les quelques meubles que nous avons. Nous serons alors le sept juillet et passeront encore deux nuit à Rennes, mais à l'hôtel. L'état des lieux avec le propriétaire aura lieu le 8 et le 9 au matin, nous prendrons le train pour Lyon, première escale, où nous passerons deux nuits chez ses parents. Je ne serai toujours pas posé, mais uniquement en transit, attendant comme je le fais déjà aujourd'hui que le temps passe jusqu'au jour fatidique du 12 août, jours où les déménageurs nous livreront nos biens dans notre nouvelle appartement.

Plus je diminue la cortisone, plus je retrouve mon état « naturel ». S'il n'y avait pas les effets secondaires de la radiothérapie, je me demande dans quel état je serai aujourd'hui. Affaiblie ? Autant ensommeillé ? L'esprit alerte ou non ? Car je ne vous cacherai pas que de toute la semaine, les rares heures où je suis réveillé, je suis comme un somnambule, ou pas loin s'en faut. De même, ma notion du temps, mon rapport à ce dernier se modifie encore. Il y a quelques mois il était fugace, j'avais l'impression de voir chaque instant passer, défiler devant moi à une vitesse telle que j'aurai pu en avoir le vertige. L'ennui était complètement absent tant chaque image prenait la place de l'image précédente, image sur laquelle je ne pouvais m'attarder car, déjà, une nouvelle image se profilait à l'horizon. Mais ces derniers temps, ce n'est plus du tout ça. Est-ce à dire que je m’ennuie, que j'éprouve l'ennui. Non, je n'en suis pas encore là, mais j'éprouve néanmoins le besoin d'être occupé, ne serait-ce qu'à contempler les gens passer, comme j'aime le faire, comme je le fais en ce moment même, entre deux lignes, assis à la terrasse de l'un des cafés de la place des Lices.

Comme je l'ai signalé dans un article précédent, il y a bien longtemps que je ne me suis pas attardé sr mon cancer. Mais que puis-je dire de plus que je n'ai déjà dit ? Pour l'instant, sa pensée ne m'a pas procuré de nouveaux états d'âme. Je suis toujours dans l'attente, ce moment où l'on m'annoncera que l'on ne peut plus rien faire pour moi, pour me faire durer encore quelques mois, voire une année. C'est simplement le type d'attente qui a varié, qui a changé. Effectivement, je n'éprouve plus ce moment fatidique comme imminent. Et, plus ça va, plus je le vois lointain. Je ne demande alors si je dois ou non m'accrocher à ce sentiment, m'en servir comme tremplin pour d'éventuels espoirs, pour faire à nouveau des projets, au moins sur du court-terme, sur une année au moins. Mais tout cela dépendra de mes examens trimestriels, IRM et scanner, de ce que l'on y découvrira ou non, tout en gardant l'espoir que mon cancer ne se déclare pas ailleurs dans mon corps.

Je repense à une citation que m'a laissé Mamy dans l'un de ses commentaires :

« Qu'est-ce que chaque homme, en venant au monde, a perdu dans un port ? L'enfance. »

Une fois adulte, est-ce cela que nous recherchons tous, plus ou moins consciemment ? Retrouver le port, essayer de la reconstruire, car je veux imaginer que ce port était rassurant. Mais la majorité du temps, c'est au grand large que nous nous retrouvons, en pleine mer, devinant à peine les récifs que nous devrons éviter, sous peine de dégâts dans notre soute, voire de naufrage si le récif, le rocher était trop saillant. Nous recherchons également des phares pour nous diriger en pleine nuit, afin d'éviter là encore les récifs, sachant que lorsque nous quittons le cocon familiale, notre fameux port, nous serons pour de nombreuses années, voire toute notre vie, la majorité du temps dans le noir ou, à défaut, dans la brume, le temps de comprendre et d'apprivoiser la mer, de s'acclimater à elle, quitte à changer de bateau pour ne pas s'enfoncer en elle. Mais ces phares, que sont-ils sinon les autres, ceux et celles que nous découvrirons, qui participerons directement de notre vie, quelque soit le temps passé à faire un bout de chemin ensemble.

Oui, à partir de cette simple citation, il y en aurait des choses à dire, des choses à conter, des messages à faire passer. Si j'en avais l'énergie, je continuerai à épiloguer dessus.

6 commentaires:

  1. AU BOUT DE MON AGE -L. ARAGON





    Au bout de mon âge

    Qu’aurais-je trouvé

    Vivre est village

    Où j’ai mal rêvé



    Je me sens pareil

    Au premier lourdeau

    Qu’encore émerveille

    Le chant des oiseaux

    Les gens de ma sorte

    Il en est beaucoup

    Savent-ils qu’ils portent

    Une pierre au cou



    Pour eux les miroirs

    C’est le plus souvent

    Sans même s’y voir

    Qu’ils passent devant

    Ils n’ont pas le sens

    De ce qu’est leur vie

    C’est une innocence

    Que je leur envie




    Tant pour le plaisir

    Que la poésie

    Je croyais choisir

    Et j’étais choisi

    Je me croyais libre

    Sur un fil d’acier

    Quand tout équilibre

    Vient du balancier



    Il m’a fallu naître

    Et mourir s’en suit

    J’étais fait pour n’être

    Que ce que je suis

    Une saison d’homme

    Entre deux marées

    Quelque chose comme

    Un chant égaré



    Au bout de mon Âge

    Qu’aurais-je trouvé

    Vivre est un village

    Où j’ai mal rêvé .




    LOUIS ARAGON
    Le Voyage de Hollande
    Extrait de » l’été pourri «

    Voici un 2ème poème d'Aragon que vous êtes susceptible d'aimer
    Pourquoi ne vous trouvez-vous pas aimable? Pourquoi cet instinct de destruction chez vous ou votre frère? Moi je vous trouve plutôt aimable, intelligent, avec beaucoup de choses à dire sur la société actuelle. Essayez de vous aimer, et les autres vous aimeront, ça vaut la peine d'essayer
    Bisous et bon WE
    Mamy
    Ps: j'aime beaucoup les poèmes d'Aragon mais pas trop le bonhomme. Il paraît qu'il draguait les petits garçons dans les pissotières. Le petit prince de Saint Ex, c'est ma bible, mon coran, ma thora mais Saint Ex n'était paraît-il pas si terrible que ça; enfin, à 67 ans, on n'a plus d'illusion sur le monde et les gens

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  2. Effectivement, c'est un poème qui me plait beaucoup et qui, plus encore, me donne envie de découvrir ces autres écrits. Peut-être commencerais-je donc par "Le voyage de Hollande".

    Quant au fait de me trouver aimable ou non, c'est, je le pense, le résultat d'une courte histoire banale qui remonte à l'époque où j'avais quatre ou cinq ans, dans la cours de récréation de la maternelle, époque où avec toute ma famille nous installions en France, ayant définitivement quitté le Maroc, lieu où je suis né et ai grandis mes premières années. Donc dans cette cours de récréation, un garçon de mon âge que je ne connaissais pas, blanc, vint me trouver et me dit le plus simplement du monde : tout à l'heure, à la sortie, je vais te casser la gueule parce que tu n'es qu'un sale arabe. Inutile de vous dire qu'à l'époque je ne savais pas ce qu'était un arabe, n marocain ou un français. Par contre, à travers la réaction de ce garçon et le silence de mes camarades qui étaient là, oui, j'ai compris que j'étais quelque chose dans leur yeux que je méconnaissais de moi, quelque chose qui méritait que l'on puisse le battre, que quelque part, sans trop comprendre quoi, je n'étais pas à ma place ici. Puis, les années suivantes j'eus le temps de comprendre ce qu'était une nationalité, le fait de se sentir appartenir à un pays, à une patrie et ce, à part entière. Mais dans mon cas, de quoi pouvais-je me revendiquer entièrement?
    Cette simple question à la con m'a poursuivit jusqu'au delà de mes trente ans. Dit autrement, j'ai passé l'essentiel de ma vie à me considérer comme un bâtard, je n'ai pas d'autre terme qui me vienne à l'esprit, et bien que tout cela soit le fruit d'une histoire de mômes, j'ai toujours eu l'impression que l'on me regardait comme quelqu'un de différent, de pas comme tout le monde, alors que je voulais être regardé comme tout le monde. A cela s'ajoute l'être infréquentable que j'ai été pendant mon adolescence, l'histoire que vous savez avec Michel, et d'autres choses, qui ne pouvait m'amener à me considérer, à m'estimer face à mon miroir. Ce n'est que depuis les années 2000, moment où j'ai recommencé à me prendre en main, que j'ai commencé à accepter de pouvoir être un aimable aux yeux de quelques uns et unes, mais je ne comprends toujours pas pourquoi il en est ainsi pour autant.

    Sinon, concernant l’œuvre et leur auteur, je ne sais si j'ai raison de le faire, mais je distingue les deux. Par exemple j'ai beaucoup aimé lire Céline alors qu'il était un antisémite notoire. Néanmoins, il a inventé un style littéraire, et les deux seuls livres que j'ai lu de lui m'ont pris au trips. Ainsi, si le rôle d'un roman est de vous transportez ailleurs, dans un autre univers où vous plongez avec plaisir, j'estime qu'il a bien mené sa barque. D'autres que moi vous dirait qu'il faudrait brûler tous ses livres... Mais comme vous, je pense que personne n'est tout blanc ou tout noir et que s'il ne fallait garder les œuvres que de ceux et celles qui sont la personnification de la perfection dans leur parcours de vie, notre patrimoine serait bien pauvre.

    Enfin, c'est une étrange coïncidence que vous me parliez de Saint-Exupéry, car il y a quelque jours Cynthia à été voir au cinéma l'adaptation du "Petit Prince". Comme quoi...

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  3. Paroles de la chanson :


    J'ai crû découvrir un grand écrivain
    J'avais dix huit ans quand j'ai lu "l'Voyage"
    Puis "Mort à crédit" et après, plus rien
    Que des mots fascistes, j'ai tourné la page
    Il aidait les pauvres autant qu' les chatons
    C'est c' qu'il prétendait mais il n'aimait guère
    Tout c' qui était négro Judéo-saxon
    D' la graine de racaille et de rastaquouère

    Oui, c'est toi qui a écrit ça
    Sois fier car c'est grâce à toi
    Que tous les mal-blanchis n'ont pas fini
    Leur voyage au bout d' la nuit

    {Refrain:}
    As-tu gagné le ciel, Ferdinand ?
    Est-ce que Dieu n'aime que le sang bleu ?
    Le racisme chez toi polluait le talent
    Tu étais pas un bien joli monsieur

    " Racisme d'abord, racisme avant tout
    Racisme suprême et désinfection "
    C'est c' que tu écrivais dans "Je suis partout"
    Pour toi, Buchenwald fût "la solution"
    Tu disais " La race doit être épurée
    Des Juifs, des bougnouls " et, pour illustrer
    L'invention verbale dont tu étais si fier
    Tu affirmais " Je m' sens très ami d'Hitler "

    {Refrain}

    Tu écrivis un jour pour ta grande gloire
    Que " l'union impure qui rapproche la
    Femme de ménage blanche et le facteur noir
    C'est sang dominé et sang dominant. "

    Ton ami Hitler, Louis-Ferdinand
    Aurait pu te dire, tant il est notoire
    Que l' sang dominé et l' sang dominant
    Ont la même couleur au four crématoire

    {Refrain}

    Mais ce ne sont là qu' épines d'acacia
    D'un p'tit chansonnier, d'agaçants propos
    Qui f'ront ricaner l'intelligentsia
    Et les nostalgiques de la Gestapo

    Oui, c'est toi qui a écrit ça
    Sois fier car c'est grâce à toi
    Que tous les mal-blanchis n'ont pas fini
    Leur voyage au bout d' la nuit

    As-tu gagné le ciel, Ferdinand ?
    Auquel cas, tu dois pas être heureux
    Car, si c'est vrai, ce que l'évangile nous apprend
    Les négros vont aussi dans les cieux

    Je n'ai pas lu Céline; quand j'étais au lycée, la guerre était encore proche et on ne l'étudiait pas; je vais essayer de trouver un moment pour le lire; en attendant, je vous envoie la chanson de P.Perret
    Je commence à mieux comprendre pourquoi vous ne vous êtes pas aimé; J'ai subi un truc semblable quand j'étais plus jeune mais j'ai eu la chance de rencontrer l'homme avec qui je vis
    J'espère que votre santé va s'améliorer; bon courage à Cynthia pour faire les cartons
    Comme tout un chacun, j'aurais aimé rester au port
    Bisous et bon WE
    Mamy
    Ps: Cynthia a t'elle aimé le petit prince?

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  4. "Mort à crédit" et "Voyage au bout de la nuit" sont les deux livres qe j'ai lu de Céline. Mais comme le dit Pierre Perret dans sa chanson, les autres ne supporte pas la comparaison, même si le style est le même, à cause, justement, de leur atmosphère nauséabonde.

    Sinon, si vous aussi avez vécu dans votre jeunesse un truc semblable à ce qui m'est arrivé, vous devez donc parfaitement comprendre dans quel état de sidération je me suis retrouvé à ce moment-là.

    Enfin, concernant le film "Le petit prince", Cynthia a passé un bon moment, mais le réalisateur, tout en restituant fidèlement l'histoire, l'a également élargi, y insérant des "épisodes" qui ne figurent pas dans le livre.

    Voilà, je vous réponds au réveil (il est 18h00 !!), les cartons avancent, la maison est presque vide et le départ, en conséquence, se fait de plus en plus sentir. Oui, j'aurai aimé rester dans ce port, mais peut-être que le suivant nous réservera de bonnes surprise.

    Je vous dis à bientôt et vous embrasse bien fort.

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  5. Pas de nouvelle? j'espère que c'est le déménagement qui vous empêche d'écrire et non des problèmes de santé?
    Amicalement
    Mamy

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  6. Tout à fait Mamy, n'ayant que le déménagement dans la tête auquel je ne veux pas penser, je suis comme en manque d'inspiration...

    Quant-à la santé, tout va, même si je dors encore beaucoup et que je vais devoir, je le crains, porter des lunettes à plein temps.

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