mercredi 15 juillet 2015

Anne...de Rennes

15 juillet 2015


Par quoi commencer, débuter, démarrer ? Déjà demain, avec Cynthia, nous avons prévu de passer la journée à Saint-Malo. Enfin elle va pouvoir se détendre, se prélasser sur la plage et dans la mer, n'emportant avec elle aucune corvée de notre quotidien. Effectivement, je ne fais vraiment plus rien dans la maison, ni vaisselle, ni ménage, ni même les machines de linges, linge qui était pourtant mon pré carré jusqu'à présent. Oui, je me faisais à chaque fois un plaisir à l'idée de laver ses vêtements, puis de les plier soigneusement afin qu'elle soit encore plus belle lorsqu'elle les porterai. Mais mon corps, mes côtes qui régulièrement oppressent ma cage thoracique, mon essoufflement quasi-constant, qui se fait pire encore lorsque je commence à me mouvoir, tout cela m'a incité à ne plus participer à quelque activité que ce soit dans la maison. Donc c'est Cynthia qui fait tout depuis quelques mois. Enfin, à ma charge ou à ma décharge et comme je l'ai déjà écrit, je ne supporte pas d'être enfermé dans notre appartement. Oui, j'ai besoin d'air à présent, je veux de l'air, ne plus me sentir cloisonné en quelque lieu que ce soit ni, si possible, en quelque logique ou raisonnement qui soit. Je veux enfin me sentir respirer à plein poumon, réaliser ce qu'est l'oxygène, l'aération de l'esprit et sentir mon corps relié aux quatre éléments, feux, air, eau et terre, même en pleine ville. Donc je ne suis jamais chez moi, hormis pour dormir.

Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, Cynthia et moi avons passé la journée ensemble. Certes, nous n'avons absolument rien fait de passionnant, mais au moins nous étions côte à côte, ensemble sur le même chemin, mais si parfois nos rythmes furent différent. Nous avons donc commencé la matinée en nous rendant chez notre assureur afin, justement, d'assurer notre appartement de Belfort, ce trois pièces que je découvrirai dans un mois. Puis nous sommes aller faire les courses pour le mois et, comme d'habitude, nous nous sommes fait livrer puisque je suis devenu incapable de porter plus lourd que mon ordinateur. Après, nous sommes allés à la halle, un marché couvert situé près du quartier « république ». C'est là que Cynthia s'épanouit, en choisissant ses fruits, ses légumes et cette fois, pour la première fois de sa vie, des fruits de mer. Oui, c'est une envie subite, soudaine qui lui a pris il y a deux ou trois jours. Elle avait envie de manger des bulots, des palourdes, des crevettes, etc. Elle qui se voudrait végétarienne m'a dit, pour sa défense, que c'était hormonal. Pourquoi pas ? Une fois toutes ces activités épanouissantes effectuées, vers midi, nous sommes rentrés. Je ne vous cacherai pas que toute la matinée fut rude pour moi. J'avais du mal à tenir debout, à supporter le poids de mon corps, je marchais au ralenti, souffle oblige, et ne cessai de sentir mes côtes me torturer. De même, je dormais à moitié debout, mon esprit n'ayant pu se réveiller réellement lors de notre périple. Aussi, à peine arrivé à la maison, je m’affalais dans le canapé pour m'y endormir quelques minutes plus tard. Ma sieste dura deux bonnes heures, mais me fit beaucoup de bien. Effectivement, la porte de mon esprit s'était enfin ouverte, ce qui me permet justement d'écrire ce soir de façon plus abondante. Donc, une fois sorti de ma sieste, j'eus aussitôt l'envie de quitter l'appartement, d'aller dehors. Il devait être 15h00 et à 17h30 j'avais rendez-vous chez mon médecin généraliste, pour un renouvellement d'ordonnance. Cela ne nous laissait pas beaucoup de temps devant nous, mais qu'à cela ne tienne, nous sommes quand même aller boire un verre dans le quartier Saint-Anne. Enfin vint le chemin du retour et, tandis que j'étais chez le médecin puis à la pharmacie, Cynthia préparait notre dîner. Ce n'est qu'après ce dernier que je l'ai quitté, il est à présent près de 23h00, éprouvant non seulement le besoin d'être hors les murs de la maison, mais également celui de me retrouver seul avec moi-même. Je suis donc parti à nouveau dans le quartier Saint-Anne, place des Lices exactement, ne sachant si j'allais écrire, lire ou ne rien faire.

C'est ainsi, dans les mêmes circonstances, ma sortie nocturne quotidienne, qu'hier soir l'incroyable se produisit. J'étais arrivé place des Lices, m’apprêtais à m'installer à une table en terrasse, lorsqu'une femme de mon âge se dirigea vers moi d'un pas décidé. Vous êtes Hicham, me demanda-t-elle ? Interloqué et interpellé, c'est le cas de le dire, je lui répondais que c'était effectivement mon prénom. De suite, pour me mettre certainement à l'aise rapidement, elle m'expliqua qu'elle lisait mon blog et qu'avec les détails que je racontais sur mes journées, ma personne, mes habitudes, dont celle de m'être remis à fumer des cigarillos, elle avait le rapprochement. Je ne sais quel est le métier d'Anne, car tel est son prénom, mais je sais au moins qu'elle a un sacré sens de l'observation, du rapprochement. Ainsi, à priori, je pense qu'elle doit avoir un très bon esprit de synthèse et si cela doit lui servir dans son métier, alors elle doit exceller dans ce dernier. Mais peut-être ne travaille-t-elle pas, me direz-vous ? Effectivement, notre échange ne dura que cinq minutes, car elle était attendu, tandis que j'étais prêt à lui offrir un verre pour faire plus amplement connaissance. Quoi qu'il en soit, à travers la vitalité qui jaillissait d'elle, comme malgré elle, je ne peux l'imaginer ne rien faire, ne pas s'occuper, peu importe à quoi. De même, il semblait évident qu'elle se sentait vraiment bien dans sa peau et, en conséquence, je ne peux imaginer non plus qu'elle fasse des activités qui lui déplaise,  professionnellement ou autre. Son sourire m'a marqué. Il était franc, véritablement naturel, rien de construit là-dedans, pas de faux-semblant, d'une sincérité à toute épreuve. Pendant notre court échange, ce sourire enthousiaste ne quitta pas une seconde son visage, ce qui ne pouvait que me mettre en confiance et, déjà, d'entrée de jeu, apprécier cette rencontre improbable. Puis nous nous quittâmes en souhaitant, de part et d'autre, nous recroiser éventuellement puisqu'elle aussi sortait souvent dans le quartier Saint-Anne.

Lorsque je fus de nouveau seul, parce qu'hier j'eus l'esprit endormi toute la journée et la soirée, plutôt que d'écrire, je décidais de relire un recueil de poésie d'Yves Bonnefoy, un poète français contemporain, encore vivant, que Cynthia m'avait fait découvrir lors de notre rencontre, en 2008. Oui, quitte à parler de poésie sur mon blog, pourquoi m'en tenir uniquement à la poésie portugaise ? Donc je ferai une sélection de quelques poèmes d'Yves Bonnefoy, les porterai à votre connaissance, vous disant ce qu'ils m'inspirent, pourquoi ils m'ont troublé.

Puis, vers 22h00, je fus pris d'un gros coup de fatigue et décidais de rentrer me coucher. Je me dirigeais donc vers le métro et là, le croirez-vous, mais qui croise-je à nouveau, je vous le donne en mille, c'était Anne ! J'ai beau croire que le destin n'existe pas, qu'absolument rien n'est écrit à l'avance, que tout est affaire de hasard le plus souvent, il n'en reste pas moins qu'il y a parfois des situations plus que troublantes, qui laisse perplexe, pensif, interrogatif. Cette seconde rencontre fût l'occasion d'un échange bien plus long que le précédent. Effectivement, ayant alors vite appris qu'elle n'avait pas de cancer, je m'interrogeais sur son intérêt pour mon blog. Elle m'expliqua que sa mère, alors âgée de seulement cinquante ans, était décédée d'un cancer. Ceci expliquant cela, de fil en aiguille elle me donna même l'adresse d'un blog tenu par une canadienne atteinte d'une tumeur au cerveau. Nous parlâmes également de nos vies respectives, actuelles et passées. Cependant, parce qu'elle était attendu son compagnon, le père de sa fille âgée de huit ans, nous dûmes de nouveau nous quitter. Je n'eus pas la présence d'esprit de lui donner mon numéro de téléphone au cas où elle aurait souhaité que nous discutions plus longuement une autre fois. Non, j'étais vraiment au radar et n'eus pas ce réflexe. Là encore, pendant tout notre échange, son sourire bienveillant ne l'avait pas quitté une seule fois. Je ne sais comment dire, mais j'ai trouvé Anne réconfortante tant transpirait d'elle une certaine forme de sérénité qui ne donnait qu'une envie, la vivre également. Je suis sûr que Cynthia l'aurait apprécié également, car Anne me rappelle l'une de ses amies, Estelle. Cependant, étant sur Rennes pour encore trois semaines, peut-être croiserai-je Anne à nouveau et là, si possible, j'organiserai une rencontre et lui présenterai Cynthia.

Voilà, c'est le cours étrange de la vie, mais lorsqu'il se passe ainsi, aussi posément, aussi sereinement, en véritable convivialité, à la limite de la jovialité, seulement alors je me dis que vivre peut, parfois, en valoir le coup. Oui, dans mon esprit, Rennes sera vraiment la ville à part, tant j'ai été surpris et ai apprécié l'état d'esprit de ses habitants. Comme il me semble l'avoir dit à Anne, de toutes les villes où j'ai habité plus de huit mois, Rennes est ma préférée, et si je pouvais dans le futur y revenir, c'est sans hésitation que je le ferai.

5 commentaires:

  1. Un article très flatteur, j'en ai rougi. Oui au plaisir de vous revoir, accompagné de Cynthia, à une terrasse rennaise, prochainement peut-être ? A.

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    1. Bonjour Anne, si tu le souhaites tu peux m'envoyer un mail à :

      origines1@gmail.com

      Je te laisserai alors mes coordonnées et, en fonction de ton emploi du temps, nous pourrons organiser cette rencontre avant notre départ. A bientôt .

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  2. Zazou est repartie avec sa petite famille; je vais vous lire un peu plus tard car haricots, petits pois et confitures n'attendent pas
    Je ne vous oublie pas néanmoins
    Je vous embrasse
    Mamy

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  3. Zazou est repartie avec sa petite famille
    Je vous lirai plus tard car haricots, petits pois et confitures n'attendent pas
    Je ne vous oublie pas et vous embrasse ainsi que Cynthia
    Mamy

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    1. Bonjour Mamy,
      enfin un peu de tranquillité?
      Quoi qu'il en soit prenez votre temps pour la lecture, car l'avantage d'un blog, c'est que ses articles sont disponibles en permanence, à tout heure du jour ou de la nuit.

      A très bientôt !

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