lundi 29 juin 2015

Digression

29 juin 2015


Il est 23h00, je suis dehors depuis deux bonnes heures, complètement éteint, assommé par la chaleur de la journée qui n'est rien par rapport à celle attendu demain. Je suis donc dehors, en terrasse, buvant jus d'orange l'un après l'autre, savourant enfin le léger vent frais qui souffle sur la grande place des Lices qui se trouve à deux mètres du quartier saint-Anne. Cependant, mon esprit est éteint, incapable de se concentrer et c'est quasiment en écriture automatique que j'écris.

Je pense à Cioran, à Platon, à Socrate, à Onfray, aux philosophes en général, à la philosophie et à ce qui est sa matière première, c'est à dire la recherche de la compréhension, vouloir comprendre, tout et rien, l'endroit et l'envers, et parallèlement, comme malgré moi, je pense à mon cancer, donc à la mort, et me demande à quoi cela sert tout ça, vouloir comprendre, vouloir savoir, vouloir tout court.

De même, je pense au joutes verbales, surtout lorsque leur sujet est d'ordre philosophique, spirituel ou métaphysique. Oui, ce sont bien des débats inutiles au bout du compte, qui n'entraverons en rien notre fin, notre destiné, car il est clair que la mort n'est pas dû au hasard, même si son temps d'action varie d'un être vivant à l'autre, laissant ainsi croire aux naïfs qu'il existerait une marge d'action au hasard, une place pour ce dernier. Hasard ou déterminisme, c'est là les deux grandes écoles de pensées de la philosophie. Notre vie est-elle écrite ou non ? Les religions sont des écoles du déterminisme. Avec elles, bien sûr après notre vie présente, tout est tracé et, en conséquence, notre vie elle-même est déjà écrite. Soit vous respectez les tables de la loi et vous irez à droite, soit vous les enfreignez et vous irez à gauche. Bref, que ce soit ici-bas ou là-haut, tout est déjà écrit et le soit-disant libre-arbitre qu'elles nous concèdent du bout des lèvres n'existent évidemment pas, puisque nous n'avons d'autres choix que de suivre ou non leur doctrine, vivant puis mourant en conséquence. Vous parlez d'une liberté ! Le paradis est le bonbon que l'on tend à l'enfant tandis que l'enfer sont les corvées que nous lui réservons. Ainsi, pour l'enfant qui n'a pas idée d'échapper à ses tortionnaires, de s'en émanciper, voire de lutter contre eux, bien évidement il fera tout pour toujours mériter le bonbon, même si jamais, nature humaine oblige, il ne pourra être constamment parfait, parfait au sens où l'entend chaque religion. Mais là aussi, car les religions savent particulièrement bien s'y prendre pour nous embuer les verres de nos lunettes, ces dernières disent aussi que la perfection n'est pas de notre ressort, n'est pas à notre portée, que seul Dieu est perfection, tandis que nous, descendant d'Eve et d'Adam, nous sommes des pêcheurs et, ce, dès la naissance. Oui, croyants et croyantes, n'oubliez pas que votre vie ne peut être qu'un long sacerdoce dont le but est de rattraper le péché originel, chose impossible parce que la pomme a été mordue une bonne fois pour toute, que vous possédez en conséquence, toujours selon les religions, la connaissance. Oui, votre Dieu a banni vos lointains ancêtres de l’Éden pour cette unique raison, non pas pour lui avoir désobéi en soi, mais surtout parce qu'ils ont goûté au fruit interdit, celui de la connaissance. Mais en quoi est un problème la connaissance ? Et bien il n'est qu'elle qui nous permette d'accumuler du savoir, mais ce savoir ne vient pas n'importe comment, il n’atterrit pas comme par magie dans notre assiette, il est toujours la conséquence d'un questionnement, que ce dernier soit le vôtre ou une question que l'on vous impose. Ainsi, dès lors qu'il y a question, nous cherchons la réponse, voire les réponses, et c'est là que le doute entre en scène, et commencer à douter d'une seule chose, c'est alors pouvoir douter de tout si on ose aller au bout de l'aventure.

Je me laisse aller à parler de religion, je le constate, sans rien planifier de ce que j'en dis, car comme je l'ai précisé tout à l'heure, je suis en mode automatique. Simplement je ne comprends pas pourquoi je suis entré dans ce délire, dans cette digression qui, au final, ne m'intéresse pas. Oui, je laisse les gens croire au père noël qui les arrange, tant qu'ils ne me gonflent pas avec, qu'ils n'essaient pas de me convertir.

2 commentaires:

  1. Ton texte fait remonter en moi le souvenir d'une phrase entendue dans mon enfance dans une pièce de théâtre : "Nous faisons tous librement ce qu'il était fatal que nous fassions".
    Le péché originel n'est-il pas une métaphore du singe descendant des arbres et se mettant à penser et à s'interroger ? Je crois (oui) qu'on peut relire les textes "sacrés" avec un œil nouveau et y trouver de la beauté et du sens ...
    Mais je ne chercherai pas à te convaincre ! Oui, la maladie nous incite à nous poser des questions et nous recentrer sur notre côté humain !

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  2. "Nous faisons tous librement ce qu'il était fatal que nous fassions".

    Nous sommes en plein dans le déterminisme !
    Quant au péché originel, vu l'époque à laquelle il a été inventé, pus de cinq millénaires, ses auteurs étaient loin des théories darwiniennes, loin d'imaginer que nous pourrions avoir quelque lien de parenté avec quelques singes qui soient. Mais bon, ce ne sont pas les métaphores qui me dérangent dans les religions, elles ont même parfois des messages que je partage complètement. Non, ce qui me dérangent c'est la justification qu'elles donnent à leurs messages, leurs préceptes, inventant donc un Dieu, des messies, des prophètes, etc, et des punitions pour qui oserait les remettre en cause. Personnellement, je n'ai pas besoin d'inventer un Dieu pour justifier qu'il faut mieux avoir des amis que des ennemis, faire du "bien" que du "mal". Cependant, sans donner de punition, j'accepte que l'on remette en cause ma doctrine personnelle et la pratique qui en découle, ne demande pas autrui de me prendre comme exemple.

    Bref, comme tu le dis, tout cela est un vaste débat qui dure depuis des lustres et qui, je le pense, durera encore. Pour ma part je suis dans mon cancer, dans le jour présent tant que je peux, et il est vrai que les débats intellectuels n'ont plus tellement d'écho dans mon oreille lorsque je sais l'épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

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