mardi 19 mai 2015

Emil Cioran, « Ébauches de vertige »

19 mai 2015



« On n'écrit pas parce qu'on a quelque chose à dire mais parce qu'on a envie de dire quelque chose. »  (Emil Cioran, « Ébauches de vertige »)

No comment, c'est exactement mon cas et, je le crois, celui de beaucoup qui écrive. Jamais je ne sais à l'avance ce qui sortira de ma plume, de mon clavier, de ma tête, de ma cervelle. Certes, je suis toujours dans un état d'âme avant de lever la main pour prendre le stylo, et cet état d'âme conduit la direction de ma pensée, son cheminement, et c'est au fur et à mesure des mots qui s'alignent que je découvre ce que je veux me faire comprendre à moi-même ou aux autres. Jamais je ne sais à l'avance où je veux en venir exactement, je n'ai pas de plan, je ne suis pas un romancier ni un philosophe. Là où c'est le plus flagrant, c'est lorsque je m'essaye à la poésie, exercice dans lequel j'étais assez doué dans le passé, avant ma maladie, avant mes métastases cérébrales, les traitements et tout ce qui s'ensuit. Aujourd'hui, je suis presque incapable d'écrire un poème digne de ce nom, conforme à ce que je conçois être de la poésie. Cioran, à travers la pertinence de ses aphorismes, du choix de ses mots, du verbe, est aussi un poète dans mon esprit. Oui, sa manière d'exprimer sa pensée, la forme qu'il emprunte, tout cela relève d'une certaine forme de poésie.

« La mort est un état de perfection, le seul à la portée d'un mortel. »  (Emil Cioran, « Ébauches de vertige »)

Que voulez-vous répondre à çà ? Quelqu'un osera-t-il démentir, nier, cet état de fait ? Nous ne construisons que de l'éphémère, nous-mêmes sommes éphémères, et aucune de nos constructions, aussi gigantesques soient-elles, colossales, ne résisteront à l'épreuve du temps. Le temps nous ridiculise, et pas un peu. Comme il doit rire de nous lorsqu'il constate que nous faisons tout pour durer ou faire durer. Oui, je le sais bien, que trop bien même, mais en acceptant de me soigner, de devenir ainsi un tas de membres qui se délabrent, je sais que je ne fais que repousser l'inéluctable, autrement dit la poussière à venir, cette même poussière qui, à son tour, disparaîtra elle-aussi.

« Exister est un phénomène colossal – qui n'a aucun sens. C'est ainsi que je définirais l'ahurissement dans lequel je vis jour après jour. »  (Emil Cioran, « Ébauches de vertige »)

Déjà auparavant, bien avant ma maladie, bien avant mes trente ans, plus d'une fois je me suis vécu dans l'ahurissement lorsque je cogitais sur le sens de la vie, de la mort et de nos vies là-dedans, sur ce fil ténu issu de nul part, sinon d'une ovule et d'un spermatozoïde, et ne menant nul part, sinon là où chacun imagine qu'est la fin, création mentale de toute pièce il va de soi, mais construction psychique qui nous rassure, là est le but, car sinon comment accepter toutes les folies que nous constatons et auxquelles nous prenons part, toute notre part, jour après jour ? Je ne m'attarderai pas à faire la liste de ces folies, il y en a trop, à commencer par la procréation et, d'ailleurs, je crois qu'il n'y a que cela dans nos vies, que de la folie. Certaines sont érigées en normes, en modèles, mais pour un temps seulement, toujours il en a été ainsi. Le temps avance, les époques changent et les modes avec. Un jour le capitalisme, celui d'aujourd'hui, n'existera plus, pas plus que n'ont résisté au temps Babel ou Sumer. La Mésopotamie s'est cassé la gueule, comme la Rome antique, la Grèce antique et bien d'autres civilisations. L'occident, tôt ou tard, se rétamera également, ainsi que tous ses standards, les nôtres, notre folie donc, et d'autres prendront places. Mais nous nous acharnons à entretenir le système, peut-être parce que nous manquons d'imagination, peut-être parce que nous ne sommes que des fainéants refusant de se passer de ce que l'on nous donne clef en main, évitant ainsi l'effort grâce à la technologie, quitte à laisser pourrir sur le chemin tous ceux et celles qui n'ont pas eu la possibilité de vivre dans le facile, l'aise, le confort. Je ne sais pourquoi, mais cela me fait penser à Françoise Dolto, cette psy du passé, et à tous ses acolytes. L'enfant roi, c'est elle. Si notre jeunesse, toutes les jeunesses d'après les années soixante jusqu'à nos jours ne sont que des enfants gâtés, irrémédiablement conduits, menés, éduqués pour ne penser qu'à leur seule gueule, sans aucun respect envers l’expérience de leurs aînés en général, et j'ai fait évidement partie de ce type de jeunesse, et pas qu'un peu, à fond, n'hésitant pas à marcher, cracher sur l'autre, le prétendu rival, bref, tout cela on le doit à Dolto qui voudrait que je considère, moi, agé de 47 ans, un marmot de deux ans, cinq ans, dix ans, quinze ans, comme mon semblable, mon homologue. Mais de qui se moque-t-on ? Les mômes s'épargnent-ils entre eux ? Chacun est bien placé pour savoir que non, soit pour avoir subi, soit pour avoir fait subir, soit pour avoir été spectateur, spectatrice de bien tristes spectacles. Dolto et ses théories, d'ailleurs toutes les théories qui vont dans ce même sens, je les emmerde. Là aussi, comme toute théorie au regard de l'existence à laquelle nous ne pouvons donner de sens, tout cela n'est que fumisterie, fadaises d'un temps qui ne durera qu'un temps. Demain ou après-demain, d'autres théories sur l'enfance, l'enfant, l'être, feront jour, mettant au placard Freud, Jung, Lacan et tous les autres. D'autres folies remplaceront celles actuelles et ceux et celles de demain, tout comme nous aujourd'hui, y croiront néanmoins dur comme fer. Non, ils ne seront pas plus intelligent que nous, de cela je suis certain.

« Être persuadé de quoi que ce soit est un exploit inouï, presque miraculeux. » (Emil Cioran, « Ébauches de vertige »)

Sommes-nous donc tous des miraculés, car sincèrement, de vous à moi, n'avez-vous pas quelques certitudes, n'êtes-vous pas convaincu par telle ou telle chose, n'avez-vous pas de convictions profondes, sincères, intimes ? Et pourtant, selon Cioran, moi-même et d'autres, tout cela n'est également que folie, délire. Oser penser que l'on détient une vérité sur ce monde, c'est être plus que prétentieux, car même le prétentieux peut douter de son savoir, de ses dires. Oui, être persuadé de quelque chose n'est pas du tout la même chose qu'avoir une opinion, un point de vue. Tous les djihadistes qui se font exploser ou vous coupent la tête sont des êtres persuadés. Mais de même, tous les politiques, quelque soit le continent, le pays, la région, la contrée, sont aussi des êtres persuadés, peut-être pas par leur programme, mais l'impératif qu'est leur élection. De même, là encore, tous les parents sont persuadés d'être essentiels, indispensables, à leur progéniture. C'est cracher à la gueule de tous les mômes qui sont sans parents, orphelins de l'un ou de l'autre, voire des deux. C'est sous-entendre que ces derniers ne peuvent pas grandir sainement puisque l'indispensable, le fameux parent biologique, n'est pas là, absent, peut-être mort. Au tenant de cette thèse fallacieuse, je ne peux que conseiller la lecture de livre d’ethnologie. Allez voir ailleurs, sur les quatre autres continents, comment cela se passe dans les tribus. De même, pendant que vous y êtes, n'oubliez pas qu'il y a seulement 2000 ans, la France n'était peuplé que de tribus, que Paris n'existait pas, pas plus que Charlemagne. N'oubliez pas qu'à douze ans, les filles et fils étaient déjà mariés, unis, avaient déjà des enfants et, le plus souvent, mouraient à trente ans grand maximum. De même, combien de bébé ne survivaient pas, soit du fait de la misère, soit du fait de la maladie. Oui, l'important pour ces morveux n'était pas d'être élevé ou non par leur parent biologique. Non, l'important était qu'ils soient en bonne santé, qu'ils aient à manger, à boire, pas trop froid, et peu importe qui leur donnait tout cela. Mais depuis ces lustres, en tout cas en France, en Occident et ailleurs, nous avons créé de toute pièce un modèle familiale et, parce que nous sommes ignorant de notre histoire, dès l'enfance nous pensons que ce modèle a toujours été, un peu comme Dieu aurait créé le monde en sept jours. Oui, nous sommes persuadés de bien des choses, moi y compris, je ne m'en cache pas, je suis dans la même merde que vous sur ce point-là, mais persuadés à tort le plus souvent, voire tout le temps.

« Impossible d'accéder à la vérité par des opinions, car toute opinion n'est qu'un point de vue fou sur la réalité. »  (Emil Cioran, « Ébauches de vertige »)

6 commentaires:

  1. Tu nous fais découvrir Émilie Cioran, un auteur que je connais pas, oui on écrit parce qu'on a envie d'écrire, dans mon cas j'ai envie d'ecrire beaucoup de choses sur ma page, une page que je vais fermer bientôt (tumeur cérébrale et la vie continue) , je trouve que je m'exprime pas comme je veux, afin de préserver des personnes de ma famille, comme tu l'as si bien dit, en plus de la maladie il y a tout le poids de nos proches qui pèsent sur nos épaules
    Je te donne de mes nouvelles, j'ai fini ma cure aujourd'hui, la fatigue est toujours présente, mais le moral est bon, quand je vois mes enfants, je suis comblée.
    J'ai lu que le début de ton écrit, je lirai la suite après.
    Bonne soirée à très bientôt, courage.

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  2. Bonjour Lila, j'espère que tu vas bien et que tu gardes le moral, oui, surtout lui.
    Ainsi ta cure est terminée. Quand auras-tu des résultats sur son efficacité? Y a-t-il d'autres cures de prévus?

    Je trouve dommage que tu fermes ta page facebook, mais je comprends parfaitement ce qui t'animes, crois-le bien. Pour te dire, hormis ma compagne, personne ne connait l'existence de mon blog, aucun membre de ma famille, aucun ami. Il est pour moi un exutoire, un endroit où je peux me lâcher comme je veux, quand je veux, sans avoir à redouter les réactions de mon entourage.

    Je suis content que tu me donnes de tes nouvelles et j'espère que nous continuerons à dialoguer, à échanger, car je te l'avoue bien volontiers, même si c'est dommage quelque part, je me sens nettement mieux compris par les personnes dans notre situation que par les gens "valides", sains de corps. Je n'ai pas l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, d'être dans un dialogue de sourd où l'incompréhension, forcément, est souvent de mise avec notre entourage. Oui, il est dur, difficile, voire peut-être impossible de partager notre expérience avec eux.

    Quel âge ont tes enfants? Fille, garçon, les deux? Quoi qu'il en soit je ne peux que souhaiter, vouloir pour toi et eux que votre temps commun soit le plus long possible. Oui, j'aimerai tant que tu guérisses, sait-on jamais, et à défaut de guérir, les progrès de la médecine étant ce qu'ils sont, que tu dures le plus longtemps possible, que tu puisses profiter des joies qu'une vie met souvent sur notre parcours, à commencer par ta relation avec tes enfants.

    Je te dis à très bientôt, sur ta page si tu ne la ferme pas, ou ici si tu le veux.

    Grosses pensées pour toi et tes proches !

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    1. Bonsoir Hicham, je vais t'expliquer un peu mes cures, depuis le mois de juin je suis sous chimio oral, une semaine sur deux ( pendant sept jours le matin je prends Zophren, une demi heure après mes deux gélules de Temodal qui est ma chimio, une heure après les autres médicaments: levothyrox que je prend à vie car j'ai subit une thyroidectomie suite à une tumeur thyroïdienne en 2010, Keppra, antidépresseurs) ,après sept jours de cure, j'ai une semaine de répit, je reprends le mercredi prochain, ma prochaine IRM est pour le 17 juin ,j attend une semaine pour les résultats ( c'est frustrant, tu le sais), à ce rdv précisément mon oncologue me dira si oui ou non j'arrêterai ma chimio.
      Ma tumeur est à évolution lente c'est un grade 2, mais ça pourrait dégénérer du jour au lendemain en stade 3 ou pire le stade 4, donc ce gliome avec son grade 2 est tres vicieu.
      J'ai une fille de sept ans et un garçon de deux ans et demi, je les aime plus que ma vie, mon souhait est de les voir grandir, ils ont besoin de moi.
      Virginie m'a contacté sur ma page, quand j'ai vu son message, je n'avais plus envie de fermer ma page, j'ai l'impression qu'elle a besoin de mon soutient comme moi j'ai besoin de tous les commentaires que je vois.
      Ce qui me plaît moins dans ma page,c'est les gens qui me essayent de me parler de la religion, du genre c'est pas la maladie qui tue, c'est dieu qui guérit...Je suis croyante, mais je trouve que c'est facile de dire ça quand on est en bonne santé, je ne sais pas si tu as compris ce que je veux dire.
      J'aime beaucoup ce que tu écris, bonne soirée à vous deux, à bientôt.

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  3. Bonjour Lila et merci pour toutes ces informations qui me permette de beaucoup mieux comprendre ton parcours. Je constate donc que depuis près d'un an tu es en soin continu et imagine que plus d'une fois tu as dû saturer. Pour ma part, l'année qui vient de s'écouler a été plus clémente, contrairement à mon annéee 2013-2014. Oui, cette année je n'ai subi que de la radiothérapie en février dernier, trois séances, mais c'est l'oedème que cela a généré qui cause tous mes tracas actuels, semant régulièrement l'anarchie dans mon cerveau.

    De tout mon coeur, j'espère que ton oncologue te donnera de bonnes nouvelles, que ta chimio orale cessera, que tu auras enfin du vrai répit, plus d'une semaine par-ci ou par-là. Oui, j'espère que tu auras ce temps enfin libre, non seulement pour te remettre physiquement d'aplomb, mais surtout pour pouvoir profiter à fond de tout ce qui est important pour toi désormais, primordiale, à commencer par ta relation avec tes enfants et ton conjoint. Comme tes enfants sont en bas-âge, j'espère qu'ils ne sont pas trop turbulents, car cela aussi a dû te fatiguer. Faire attention, les surveiller pour qu'ils ne se fassent pas de mal, oui, tout ceci nécessite une concentration que nos soins et leurs effets secondaires n'aident pas toujours. Ma fille a treize ans, elle en avait onze quand elle a appris ma maladie. Inutile de te dire que cela l'a bien perturbé sur le moment. Aujourd'hui, deux ans plus tard, je crois qu'elle commence à s'y faire, est moins inquiète, moins "traumatisée", même si elle se préoccupe de ma santé, me demandant régulièrement de mes nouvelles (elle vit avec sa mère, à l'autre bout de la France, et je ne la vois malheureusement que pendant les vacances). Du coup, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la manière dont tu as abordé ta maladie avec tes enfants(ta fille) qui sont bien plus jeunes que la mienne. Je me demande comment ta fille vit cela, si tu as vu ou vois des changements dans son comportement à ton égard et, surtout, comment tu t'y prend pour ne pas l'inquiéter plus que de raison (car çà aussi c'est un vrai travail, un vrai effort).

    Quant à Virginie, je l'ai croisé il y a deux ou trois jours sur le forum de la ligue contre le cancer et je me suis permis de la diriger vers toi, car je te pense bien plus approprié que moi pour répondre à ses interrogations, ses doutes, ses peurs, vu que son ami semble avoir le même cancer que le tien. En la matière, elle pourra être certaine que tu sais de quoi tu parles, de ce qui attends certainement son ami au niveau soin, effets secondaires, etc. Oui, même si nous sommes les malades, nous pouvons néanmoins aider, réconforter, voire rassurer d'autres malades et leurs proches, aussi paradoxal cela puisse paraitre.

    Enfin, concernant les conseils des uns et des autres sur la manière de nous gérer, de gérer notre maladie (conseils religieux ou autres), j'ai pour ma part pris mes distances avec tout cela. Comme tu le dis, ils sont en bonne santé, ne comprennent donc rien au cataclysme qui nous a traversé au moment de l'annonce de notre maladie mortelle, ne peuvent comprendre, même avec toute la meilleure volonté du monde, tous les changements, toute la métamorphose qui s'opère en nous, tant dans la perception que nous avons de nous-mêmes que du reste. Oui, c'est comme demander à quelqu'un qui n'a jamais eu d'enfant d'éprouver, de ressentir et de penser comme quelqu'un qui a eu des enfants. Il y a un fossé entre ces deux mondes, ce qui ne veut pas dire qu'ils sont incompatibles, qu'ils ne peuvent pas cohabiter, mais il y a un fossé.

    Je te dis à très bientôt Lila, quand tu veux, quand tu en auras besoin, ici ou ailleurs !

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    1. Bonsoir Hicham, hier et aujourd'hui je me sens pas très bien, je suis épuisée et je fais des crises d'épilepsie (2 hier, une aujourd'hui) ,bien sûr je ne vais pas l'écrire sur ma page (sur ma page la vie est toujours belle) je t'ecrirai quand je me sentirai mieux, j'ai hâte de te lire. À très bientôt, bonne soirée.

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  4. Bonjour Lila, je découvre tes mots et que dire?
    L'épilepsie, cela aussi est vicieux. Ça ne prévient pas, se déclenche, et après il faut s'en remettre, attendre que notre corps et notre esprit refonctionne enfin "normalement". C'est à travers des crises d'épilepsie que l'on a découvert mon cancer en novembre 2013. J'étais alors à Lyon, dans la gare, et j'en ai fait trois consécutives. Les spasmes, les convulsions ne cessaient pas et l'on m'a plongé dans un coma artificielle. Arrivé à l'hôpital, on m'a fait un scanner cérébral et du poumon. Là ils ont découvert une métastase au cerveau et une tumeur à mon poumon. Voilà comment cela a commencé pour moi, voilà comment la révolution a pu se faire, voilà comment pour la première fois j'ai eu plus que peur pour ma vie, pensant déjà que tout était fini, que je ne verrai pas la fin de l'année. Et pourtant, deux ans plus tard, je suis toujours là. Certes, je ne suis plus du tout aussi valide et d'autres métastases sont venues se greffer dans mon cerveau, mais je vis toujours, comme toi, et toujours comme toi, dès que je le peux je 'essaye de profiter des êtres qui me sont chers, à commencer par ma fille et ma compagne. Enfin, toujours comme toi, je suis également sous Kepra et, ce, à vie. Puisque tu fais encore des crises d'épilepsie, peut-être vont-ils t'augmenter la dose, te le remplacer ou y ajouter un autre anti-épileptique. Je me doute que faire ces crises ne te facilite pas la vie, là encore, et il se peut même que tu t'en veuilles de cela, que tu te sentes coupable de ne pouvoir gérer cette part de toi, imposant ainsi malgré toi la peur ou l'inquiétude à ton entourage. Si tel était le cas, je te dirai simplement que tu n'as pas à t'en vouloir. Pas plus que tu n'as demandé ou fait en sorte d'avoir un cancer, pas plus tu n'es responsable, et encore moins coupable, de ses effets secondaires. Je sais, c'est facile de dire çà, surtout lorsque soi-même n'avons pas la charge, la responsabilité d'enfants en bas-âge, mais sincèrement je crois ce que je te dis. Enfin, pour en terminer sur l'épilepsie, j'ai également fait des crises partielles, deux exactement. Après examens, il s'est avéré qu'à chaque fois c'était la conséquence d'une nouvelle métastase qui se formait dans mon cerveau. Je ne tombais pas complètement inconscient, mais je ne pouvais plus bouger ni parler et ce, pendant une bonne vingtaine de minute à chaque fois. Cela fait donc plus d'un an que je prend de la cortisone en continue, afin de lutter contre les œdèmes que ces métastases et les effets secondaires de la radiothérapie et, comme le dit mon médecin généraliste, je risque bien d'en prendre à vie. Mais peu importe, comme toi avec tes traitements, même s'ils nous diminuent, tout cela nous fait durer, fait que nos enfants ont encore leurs parents, que nous pouvons encore profiter de moments de joies avec eux, avec d'autres ou en dégustant un bon plat.

    Vivement le 17 juin, que tu saches mieux ou tu en es, où tu vas et, encore une fois, j'espère que les nouvelles seront "bonnes", en tout cas meilleurs que celles que tu as pu avoir naguère. J'aimerai avoir la baguette magique qui te débarrasserai de cette saloperie, oui, j'aimerai, mais à défaut de l'avoir je ne peux te dire que mon envie, celle que tu gardes le moral, quoi qu'il arrive, même si je sais bien que dans notre esprit, notre pensée, le beau fixe n'est pas toujours au rendez-vous.

    A bientôt, à quand tu veux.

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