samedi 30 mai 2015

Début de week-end

30 mai 2015


Il est 7h30, je suis levé depuis 5h00 et, ma foi, j'ai bien dormi. Pas de nausée, aucun rêve pour me réveiller, j'ai dormi comme une marmotte. Déjà je suis attable au café, à sa terrasse, entame mon double express, mais ai déjà mangé mes deux croissants aux beurres. Ils étaient vraiment excellent et me donne l'envie d'en recommander. Cependant ce ne serait pas sage, j'ai encore l'expérience d'hier matin où j'ai avalé huit pains au chocolat, des pains qui me sont restés sur l'estomac jusqu'en début d'après-midi, provoquant des nausées et des réveils lorsque après ce petit-déjeuner je suis rentré chez moi pour me recoucher.

Comme tous les samedi matin à cette heure, Rennes est redoutablement calme. J'ai marché dans ses rues à la recherche d'un café ouvert et, par hasard, j'ai donc atterri là où je suis, une brasserie que je ne connaissais pas. Dorénavant je saurai où aller à 7h00 du matin, tous les cafés que je connais étant fermé à cette heure. Je suis donc dans le quartier « république », pas loin de la Mairie.

Hier j'ai donc acheté une nouvelle cigarette électronique. Elle est tellement grosse, imposante, que je l'appelle ma pipe. C'est donc Cynthia qui me l'a offert et, pour l'avoir testé depuis hier après-midi, je ne regrette vraiment pas son investissement. Effectivement, toutes les sensations que j'attendais d'un cigarillo, cette pipe me les donne, contrairement à celle que j'avais précédemment, pipe qui avait dû faire son temps. Donc depuis hier après-midi je n'ai plus fumé de cigarillo et, parce que je suis tellement convaincu que ma nouvelle pipe fera l'affaire, qu'elle m'ôte toute tentation de fumer du tabac à nouveau, j'ai donc donner ma boite de cigarillos et mon briquet au premier mendiant que j'ai croisé. Au début il n'a rien compris. Je lui ai donc dit que j'arrêtais de fumer et là, lumière, tout s'éclaira dans son esprit. J'ai donc offert un peu de mort potentiel à quelqu'un et, si j'avais été quelqu'un de sage, de sensé, je n'aurai rien donné et aurait tout jeté. Mais comme je ne prétends pas à la sagesse, à devenir un sage, juste quelqu'un d'un peu plus raisonnable que par le passé, j'ai agit ainsi. Là encore, entre la théorie et ma pratique, il y a souvent un gouffre, une abysse, un ravin.

J'apprécie le calme qui règne ce matin, cela me change d'hier où j'étais dans le bruit continue, qu'il soit celui des véhicules ou de mes voisins de café. Oui, hier j'étais dans le tumulte de la ville, dans son énergie, son rythme qui, même s'il est nettement plus léger que celui de Paris ou Lyon, me fatigue néanmoins assez vite. Oui, mon esprit a de plus en plus de mal à assimiler le bruit continue, à le supporter. Peut-être est-ce pour cela qu'à présent j'apprécie hautement les mâtinées, avant 10h00, lorsque toute la ville n'est pas encore réveillée, en alerte ou en mouvement.

Cynthia va se faire faire un tatouage. Ce sera un ruban, celui qui symbolise la lutte contre le cancer. Il sera situé en haut de son sein gauche. Parce que l'idée, la symbolique me plaît et me parle, j'envisage donc de me faire faire le même. J'ai déjà un tatouage. Il est comme un bracelet qui entoure une partie de mon bras gauche. Je l'ai fait lorsque ma fille avait trois ou quatre ans, lorsque sa mère me l'a enlevé, la kidnappant, pensant que j'allais la laisser faire sans rien dire, sans agir. C'est vous dire qu'elle conne elle était. Mon tatouage représente donc mon alliance avec ma fille, pour qu'à chaque fois que je le vois je n'oublie pas, jamais, que j'ai une fille, qu'elle a un père, et que je dois être présent, jamais bien loin, quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive. Si je me fais tatouer ce ruban, il sera donc mon deuxième tatouage, mais contrairement à Cynthia je veux également inscrire le mot cancer, l'imprimer, l'incruster dans ma peau, car je suis aussi ça. Peut-être ne prendrais-je pas le ruban, mais ferai dessiner un amas de cellules dont la légende sera « cancer ». J'hésite encore, me pose des questions.

Cet après-midi Cynthia ira à son cours d'équitation. D'un côté j'ai envie d'aller avec elle, mais la longue marche qu'il faut effectuer entre l'arrêt de bus et le centre équestre me rebute. Oui,la distance est longue et, comme je marche au ralenti, comme une tortue, elle parait même trois fois plus longue. Cependant je verrai dans quel état je me sens tout à l'heure et agirai en conséquence.

Quoi qu'il en soit, ce matin je me sens bien et, comme d'accoutumé dans ces cas-là, ce sera ainsi toute la journée, ce qui me réjoui déjà, quelque soit son déroulement. Oui, cela fait vraiment du bien de se sentir serein, en paix, en tranquillité avec soi-même et les autres. Aucun problème insurmontable à l'horizon, même ma nouvelle métastase n'en est pas un, le traitement suivra son cours, cela marchera ou non, peu importe puisqu'en attendant je serai néanmoins vivant, existant peut-être dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui, c'est à dire en paix. De même, absolument personne ne vient m'importuner malgré ou cause de lui, personne, et cela aussi est non négligeable. Oui, pour un malade, un cancéreux que le cancer ne laisse pas tranquille, un cancer qui se rappelle régulièrement à mon bon souvenir, on pourrait se demander si je suis réellement malade tant mon moral ne semble plus affecté par sa présence. La vie suit son cours, c'est tout ce que je sais, et je l'accompagne volontiers, peu importe où elle me mène. L'important n'est plus l'endroit, le lieu, mais simplement d'être là,vivant, respirant, pouvant encore apprécier les paysages, les décors et les gens.

2 commentaires:

  1. bon, ça semble aller un peu mieux; une 3ème métastase, c'est pas le top mais votre cerveau ne semble pas être un champignon atomique
    Je n'ai pas beaucoup écrit, n'étant moi même pas très en forme. Une saignée pour stopper les effets de l'hémochromatose; parfois, j'en ai marre mais un petit fils qui tend les bras ou des petites filles m'envoyant une carte postale, un coup de fil de Zazou ou mes fils et le moral redémarre
    Par contre, je n'ai pas votre perception du monde; je ne crois pas comme Rousseau que l'homme naît bon mais certains naissent bons et font évoluer les choses -un peu- C'est vrai que souvent on les assassine. Mais des Luther King, Mandela, l'abbé Pierre me donnent encore confiance en l'homme. Et je ne veux pas croire qu'on va laisser à nos enfants une société de m...
    Je n'ai pas lu tout ce que vous avez écrit - un peu trop fatiguée- mais même si on aime nos enfants, eux et eux seuls peuvent choisir leur vie. on est là que pour soigner les plaies...et partager les joies aussi
    Quant aux dons pour aider les recherches, c'est un peu difficile; les gens sont beaucoup solliciter et sûr on fait des choix en fonction de nos expériences vécues
    Bonne séance de tatouage
    Bon WE et grosses bises
    Mamy

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  2. Bonjour Mamy et désolé de vous retrouver fatigué. J'espère que cela va passer vite. Je vais être indiscret, mais peut-être me donnerez-vous votre âge. Cela me permettrai peut-être de mieux comprendre, de mieux visualiser votre état de santé général.

    J'ai été m'informer sur l'hémochromatose. C'est donc trop de fer dans le corps si j'ai bien compris et cela peut atteindre le cœur. Est-ce votre cas? Puisque l'on vous fait des saignées, c'est qu'il ne doit pas exister de médicaments suffisamment efficaces pour traiter ce genre de pathologie. Cela est bien dommage, car même si je ne sais comment se font les saignées, je ne pense que ce soit agréables et si c'est du sang que l'on vous retire, il est bien évident que cela doit vous fatiguer. Vous en fait-on souvent?

    Concernant Rousseau, comme vous je ne crois pas que l'homme est naturellement bon, ni mauvais d'ailleurs. Oui, je pense qu'il évolue dans un sens ou l'autre selon son histoire essentiellement, son parcours, son environnement, à commencer par le milieu familial et la manière dont s'y déroule les choses. En cela, dans mon esprit, les parents ont une énorme responsabilité sur le devenir de leur enfant et, si ces derniers deviennent "bons" ou "mauvais", on ne m'ôtera pas de l'idée que les parents, l'éducation qu'ils ont donné ou non, n'est pas étrangère à l'affaire. Toujours concernant Rousseau, la seule chose que je reprend à mon compte de sa philosophie, c'est sa critique de la propriété. Mais dans ce registre, je reprend également Marx et Engels à mon compte. L'invention de la propriété est une aberration dans mon esprit, une totale aberration, mais c'est pourtant sur cette dernière, avec cette dernière, voire grâce à cette dernière, que notre espèce a évolué comme elle l'a fait, créant un jour des villes, des civilisations, des pays, des royaumes, etc

    Dernièrement Cynthia me demandait quel était votre cancer. Je n'ai pu lui répondre car je n'ai pas souvenir que vous vous soyez épanché sur la question...

    Quant à votre vue sur la parentalité, sur ce que nous pouvons faire ou non pour nos enfants, aujourd'hui je la partage, suis arrivé aux mêmes conclusions. Il n'est qu'eux pour choisir leur vie, la manière dont ils désireront la construire, et nous ne pouvons qu'être à leur côtés si besoin est, on ne peut guère faire beaucoup plus, c'est bien vrai.

    Enfin, concernant les dons pour la recherche ou le bénévolat, oui, nous sommes beaucoup sollicité. A Rennes, presque tous les jours je suis moi-même sollicité par telle ou telle association. Je dis simplement que même si les sollicitations sont nombreuses, exceptionnellement rares sont ceux et celles qui y répondent, qui s'investissent d'une manière ou d'une autre.

    Je vous dis à très bientôt, vous souhaite un bon rétablissement, sincèrement, et attends de vos nouvelles. Je vous embrasse.

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